Le chien, une espèce nidicole

Le petit bouledogue français vient au monde après deux mois de gestation
(la moyenne étant de 61 jours). Son corps est, à la naissance, bien
constitué, mais son cerveau et son système nerveux sont incomplètement
développés. Très vulnérable, du fait qu’il naît aveugle, sourd, mais aussi
incapable de se mouvoir seul et de maintenir sa température interne, le
chiot dépend entièrement de sa mère ou de qui la remplace. Comme tous
les mammifères qui ne quittent le nid ou le terrier qu’une fois qu’ils ont
atteint un certain degré d’autonomie, il fait partie des espèces nidicoles.
Les sens du goût, du toucher et l’organe voméronasal sont opérationnels à
la naissance du chiot. Les récepteurs de l’organe de Jacobson détectent
spécifiquement les phéromones avant que le sens de l’odorat ne soit
parfaitement opérationnel. Quant à la vue et à l’audition, elles se
développent ultérieurement, au cours des trois premières semaines de vie.
Depuis quelques décennies, des études consacrées à l’ontogenèse
comportementale du chien mettent en évidence l’importance que joue
l’environnement précoce (physique et social) dans l’histoire de son
développement. La génétique représente certes une partie non négligeable
de l’héritage que le chien reçoit – héritage qui détermine notamment son
appartenance à une race et à une lignée – mais d’autres facteurs externes
(dits épigénétiques) influencent par ailleurs son comportement.
L’acquisition de ses compétence nerveuses, motrices et sensorielles serait
directement liée, suivant cette approche, au milieu qui l’aura vu naître.
On comprend ainsi que l’éleveur devrait connaître précisément les
caractéristiques de la race ou des races qu’ils reproduit. L’adoptant, quant à
lui, aurait tout intérêt à s’informer de ce que l’élevage prodigue aux chiots
pour optimiser leur évolution et enrichir leur expérience, de la naissance à
l’adoption, entre les huitième et dixième semaines.

Le développement comportemental 

Les spécialistes du développement comportemental canin s’entendent sur
le fait que les chiots vivent d’importantes transformations avant d’atteindre
l’âge adulte. Il est possible d’en distinguer au moins cinq:
1. la période prénatale
2. la période néonatale

3. la période de transition
4. la période de socialisation
5. la période juvénile
Nous nous limiterons aux quatre premières, dans le cadre de cette
présentation.

La période prénatale (de la conception à l’accouchement) 

le chiot est sensible aux réactions de sa mère in utero. D’embryon, il
devient foetus au 39e jours de gestation. Jusqu’au 45e jour, ses capacités
olfactives se développent, de même que les sens du toucher et du goût.
Déjà lié à son environnement, il vit au rythme du corps maternel et au
diapason des émotions qui le font vibrer. Les hormones qui circulent dans
le sang de sa mère entraînent des réactions organiques chez lui. Le stress
vécu par elle peut donc avoir des conséquences déterminantes sur les
caractéristiques réactionnelles et émotionnelles de ses petits.
La chienne gestante doit, en ce sens, bénéficier d’un environnement serein.
L’éleveur et sa famille ont, par ailleurs, tout intérêt à lui caresser le ventre
dès le 39e jour de sa grossesse, si, évidemment, elle y consent. Le premier
contact entre humains et chiots pourra ainsi s’établir avant même leur
naissance.

La période néonatale (de la naissance à l’ouverture des paupières, au 14e ou 15e
jour)

Comme précédemment mentionné, le chiot naît aveugle et sourd. Il est
incapable de se mouvoir seul et de réguler sa température corporelle à la
naissance. Il est donc très important que la mère s’attache à ses petits
durant cette période. C’est elle qui veillera à ce qu’ils se nourrissent
adéquatement, à ce qu’il dorment au chaud et à ce qu’ils puissent libérer
leurs sphincters.
En aidant la mère à pourvoir aux besoins des petits, l’éleveur verra à
manipuler ces derniers de manière à qu’ils perçoivent sa présence et son
contact comme une composante inséparable de leur environnement.
La vie en mode réflexes

Jusqu’à la période de transition, les réactions des chiots sont conditionnées
par des réflexes primaires. Ces derniers assurent leur survie et se
déclenchent en réponse à des stimuli bien précis de natures tactile,
thermique et lumineux.

Les réflexes liés à l’alimentation

Sensibles aux différences de températures, les chiots sont spontanément
attirés par la source de chaleur (par thermotactisme positif) que représente
le ventre maternel, vers lequel ils rampent. En réponse aux réflexes de
fouissement et de reptation, ils enfoncent plus avant le museau dans le
giron maternel en s’agitant, en balançant la tête dans un mouvement
pendulaire et en gémissant. De là, toute forme turgescente ressemblant à
une tétine sera agrippée par les lèvres. Ce réflexe, dit labial, associé aux
réflexes de succion, de déglutition et de pétrissement, favorise
l’absorption du lait maternel. L’apaisine, sécrétée par les mamelles de la
mère et captée par l’organe voméronasal (l’odorat des phéromones), attire
également les chiots vers cette toute première source de chaleur et
d’alimentation.
La mère déclenche, à son tour, le réflexe périnéal en léchant la zone
génitale et l’anus des petits. Elle stimule ainsi la miction et la défécation de
ces derniers puis ingère le tout durant les trois premières semaines.

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